Le MAB redoute l’assassinat d’une responsable communautaire en Rondônia et exige que des investigations soient faites
Le MAB exige que l’État mette en oeuvre toutes les investigations nécessaires et qu’il garantisse la protection effective de la victime qui est menacée en raison de son action comme […]
Publicado 10/04/2019
Le MAB exige que l’État mette en oeuvre toutes les investigations nécessaires et qu’il garantisse la protection effective de la victime qui est menacée en raison de son action comme défenseure des droits humains des populations affectées par les barrages du fleuve Madeira.
Ana Flávia Nascimento, mère de quatre enfants et grand-mère de quatre petits-enfants, travaille comme assistante en soins infirmiers, au poste de santé situé dans la région de Jaci Paraná, à Porto Velho. La communauté se trouve entre les usines hydroélectriques de Jirau et de Santo Antônio sur le fleuve Madeira et souffre d’externalités négatives cumulatives depuis au moins 10 ans, quand la construction des deux usines a commencé.
Jaci est situé dans une zone de formation du réservoir de l’Usine Hydroélectrique de Santo Antônio et depuis le début de la construction, les familles de la communauté souffrent du remplissage et de l’expansion continue du lac. Les personnes affectées dénoncent le fait que des zones de terre ont été inondées, la terre est encore à beaucoup d’endroits trempée, ce qui compromet les activités agricoles et d’agro-extraction, la forêt se meurt à cause de l’expansion du réservoir, le moyen de subsistance des pêcheurs et des petits prospecteurs a été déstructuré et l’élévation de la nappe phréatique a entraîné la contamination des sources d’eau destinées à la consommation humaine.
L’usine de Jirau est responsable de graves impacts sociaux dans la région, particulièrement en raison de la croissance démographique provoquée par la migration, ce qui a entraîné une augmentation des actes de violence, principalement à l’égard des femmes et des enfants, tout comme l’augmentation du nombre de personnes dépendantes à la drogue et de personnes sans domicile fixe.
La participation active de Flávia aux activités du Mouvement des Personnes Affectées par les Barrages, dans le but de compenser les impacts provoqués par les usines et subis par les familles des communautés affectées, a finit par lui attirer une certaine visibilité, toute en la rendant plus exposée aux menaces.
Flávia a été suivie sur la route, plus d’une fois, alors qu’elle allait à Porto Velho en moto. Lors d’un de ces épisodes, en 2016, une camionnette a essayé de la jeter en dehors de la route. Elle a également déjà été suivie et filmée dans sa communauté, y compris par un agent de police. Pendant une période de mobilisations intenses pour empêcher l’expansion du lac et du nombre de turbines de l’Usine de Santo Antônio, avant même que les dommages socio-environnementaux n’aient été réparés, la maison de Flávia a été envahie à trois reprises, pendant l’une d’elles, un couteau avait été laissé sur son lit.
Dans la nuit du 4 avril 2019, la maison dans laquelle étaient ses petits-enfants et enfants a été encerclée par une voiture de type Voyage, deux motos et une personne à pieds. Alors qu’une des motos s’est positionnée à l’arrière de la maison, les autres se sont approchés du portail d’entrée. La police militaire a été appelée et les individus se sont dispersés. Cependant, personne n’a pu être identifié.
La région de Jaci Paraná est un lieu marqué par un historique de graves violences et de conflits autour de la terre. Dans la même région, d’autres membres du MAB ont déjà été menacés, la militante Nilce de Souza Magalhães, Nicinha, pour sa part a été assassinée, sans parler d’autres cas impliquant des tueurs professionnels et les milices, telle que le Massacre de Jaci Paraná en 2011.
Le cas a déjà été amené devant les autorités étatiques et fédérales. Le 13 mars, à Brasilia, pendant une réunion entre le MAB et le Procureur Fédéral des Droits du Citoyen du Ministère Public Fédéral, Flávia a rapporté la situation qu’elle vivait et un accompagnement spécialisé a été sollicité. Le mouvement exige que l’État se charge de mener les enquêtes nécessaires et de garantir la protection effective de la victime qui est menacée en raison de son action en défense des droits humains des personnes affectées par les barrages du fleuve Madeira.